Internet, outil de promotion, d'information, de transparence

 

La pyramide contre les mines : exemple de marketing viral.
E-card de Greenpeace.
Mise à disposition d'outils pour les bénévoles sur le site du Secours Populaire Français.

 

Audits sommaires de 12 sites Internet

1. Le lien direct entre savoir et agir

2. La sensibilisation de donateurs potentiels: la newsletter

3. La promotion du site assurée par les internautes eux-mêmes : le développement des communautés

4. La participation des internautes aux actions menées par l'association

5. Transparence : évolution de la relation entre les donateurs et l'association

6. Démocratie interne et gestion de l'information

 

Audit de sites

Afin de déterminer le niveau d'appropriation d'Internet par les associations, nous avons réalisé un audit sommaire pour chacun des sites des associations suivantes :

La Croix-Rouge Française
Solidarités
Ecoliers du Monde
Médecins Sans Frontières
Handicap International
Max Havelaar
Médecins du Monde
Raoul Follereau
Amnesty International
Action Contre la Faim
Comité Catholique Contre la Faim et pour le Développement
Greenpeace

Les objectifs de cette étude sont de :

- Comprendre comment se positionnent les associations sur Internet : référencement, importance du contenu, aspects ludiques développés, options de personnalisation et de proximité proposées, etc.
- Déterminer l'importance d'Internet dans la stratégie de développement de chacune d'entre elle : site plaquette ou réelle stratégie de communication vers de nouveaux donateurs ?
- Relever les outils de promotion et d'information du net que les associations utilisent le plus souvent.
- Vérifier l'utilisation optimale de ce média en regard des objectifs de communication de certaines associations étudiées au chapitre 1.

Pour ce faire, nous avons relevé les critères suivants, correspondant à des moyens de promotion et d'information sur le net :

- télécharger un bandeau de promotion de l'association
- envoyer une e-card correspondant à des campagnes en cours
- conseiller le site à un ami
- s'inscrire pour recevoir une newsletter
- visionner une expo photo ou vidéo
- faire un jeu ou remplir une pétition en ligne
- faire un don en ligne
- accéder à une boutique en ligne proposant des produits dérivés ou produits partenaires
- accéder au site de partenaires financiers
- consulter les communiqués de presse
- consulter un moteur de recherche intégré au site.

Pour télécharger l'audit (61,4 Ko), cliquez ici

1. Le lien direct entre savoir et agir

En premier lieu, le réseau permet aux associations d'améliorer leur visibilité, de faire connaître leurs actions, projets et besoins à un public étendu et pour un coût relativement modeste. Créer un site sera pour une association l'opportunité de disposer d'une vitrine ouverte 24h sur 24, d'être repérée par mots-clefs grâce aux moteurs de recherche utilisés par les internautes sur le Web (champ d'action, lieux d'intervention, etc.), de nouer enfin des partenariats avec des sites à fort trafic pour faire connaître ses actions et ses buts. Cette visibilité est loin d'être acquise par la seule présence d'une association sur le Web, mais nécessite au contraire d'importants efforts. Elle reste cependant accessible, même à de petites structures, si elles savent utiliser la souplesse du réseau, sa réactivité, et son potentiel d'interconnexion par thèmes, mots-clefs et liens. Nous développerons ces points plus loin dans la partie traitant des facteurs clés de succès d'une communication associative sur le net.

a) Une vitrine permanente

L'internaute n'est pas toujours " disposé " à donner. Il ne deviendra donateur que lorsqu'il en aura décidé, lorsqu'il jugera qu'une action est nécessaire, que son implication est justifiée, ou lorsqu'il en aura les moyens. Ainsi, Internet permet aux associations d'être en permanence " disponibles " et de présenter leurs projets aux donateurs potentiels.

Cette notion de vitrine ouverte 24h sur 24 est d'autant plus importante qu'elle correspond à une tendance de fonds qui s'opère sur le marché du don : les nouveaux donateurs à gardent de plus en plus longtemps les mailings afin de les comparer, mais surtout de décider à qui et quand donner . Avec Internet, le donateur retrouve un rôle actif dans sa relation avec les associations.

b) Le choix de l'action à soutenir peut se faire dès que l'internaute décide de donner

Au lieu de faire comme par le passé un don général " à la Croix-Rouge " ou " au Secours Populaire ", les donateurs peuvent désormais choisir préalablement le programme, le thème, ou le pays qu'ils souhaitent soutenir.

De nombreuses association proposent sur leur site le choix entre plusieurs " urgences " ou projets. Par exemple, la Croix-Rouge française, Médecins Sans Frontières, Médecins du Monde, Care, etc… permettent aux donateurs d'opter pour les " urgences du moment ".

Ci-contre, la page d'accueil de MSF proposant les urgences ainsi que la possibilité d'avoir plus d'information sur chacun d'entre elle avant de faire un don.

Les capacités technologiques de l'Internet autorisent enfin des formes de don jusqu'alors inédites : de nombreux sites (Oxfam, Care, etc.) proposent ainsi de donner les " miles aériens " acquis par les internautes grâce aux programmes de fidélisation des compagnies aériennes. Ces " miles " servent ensuite au transport de volontaires des associations bénéficiaires.

2. La sensibilisation de donateurs potentiels: la newsletter

L'abonnement à une Newsletter permet à l'internaute un premier contact avec une association, une personne sensibilisée à une cause fera plus facilement un don. Il s'agit donc, via cet outil de sensibiliser les non-donateurs à la cause défendue et de fidéliser et informer les donateurs à moindre coût. Parmi les 12 sites étudiés, 8 sites proposent un newsletter.

La Lettre d'information de Médecins Sans Frontières est adressée par mail tous les 15 jours à toute personne qui en fait la demande Elle se compose des rubriques suivantes :

- " A la une ", reprenant un événement important de la vie ou des activités de l'association
- " Points chauds : l'actualité de nos missions " présentant l'actualité des opérations dans quatre ou cinq pays
- " Aidez-nous " rappelant l'indépendance financière et MSF et la nécessité d'une contribution privée pour que cela continue.
A partir de chacune de ces rubriques, l'internaute peut cliquer sur une adresse électronique le reliant aux pages web concernées. Handicap International propose une newsletter avec Titeuf réalisée pour sensibiliser les plus jeunes au handicap et les amener à en discuter en famille.

Ci-contre, le formulaire d'inscription, très attractif pour les plus jeunes, rappelle la dimension éducative de cette newsletter (à l'attention des parents ).

Le téléchargement de bandeaux de communication dans une boîte e-mail, l'envoi d'e-card et la recommandation du site visité à un ami permettent aussi de sensibiliser d'autres donateurs potentiels en les amenant sur le site. Nous étudierons ces outils dans la partie suivante traitant de la promotion du site d'une association par les internautes eux-mêmes.

3. La promotion du site assurée par les internautes eux-mêmes : le développement des communautés

Sur Internet, le bouche-à-oreille est remplacé par la propagation d'informations via les communautés. De plus en plus d'associations proposent aux internautes de relayer l'information mais surtout les valeurs portées par l'association via différents outils mis à sa disposition Ces possibilités peuvent aller de la possibilité de télécharger un bandeau de promotion à l'envoi d'e-card ou encore l'envoi d'un message pour conseiller le site à un ami.

Ces outils offrent l'avantage d'augmenter considérablement le trafic sur le site, mais aussi de constituer à moindre frais un fichier de prospects, de diffuser les valeurs portées par l'association et d'introduire celle-ci dans la sphère " familière " de l'internaute. Nous verrons ici que ce fonctionnement communautaire est régulièrement utilisé sur le net pour diffuser des informations.

Cet outil a un intérêt non négligeable : il porte dans son fonctionnement la notion de village planétaire (notion d'universalité et de mondialisation au côté du local, de la proximité) et de communautés. Ce fonctionnement, adopté rapidement par les Canadiens et les Américains lors du développement d'Internet, commence à être intégrée par les internautes français .

Le retard dans l'adoption de ce fonctionnement en France peut s'expliquer par la démarche individualiste des papy-boomers relevée au chapitre 1 ainsi que par la notion de secte véhiculée par ce mot. Chez les plus jeunes, en revanche, les communautés virtuelles se développent plus facilement. Nous pensons pouvoir expliquer cela par le développement puis l'exploitation de ce fonctionnement dans les loisirs des jeunes (jeux en réseau, chat sur Internet, notion de tribu et de codes d'appartenance développés par les marques s'adressant à cette cible).

Les outils présentés ci-dessous permettent de tirer profit des communautés d'internautes.

a) Le téléchargement de bandeaux de promotion

Il s'agit, pour la plupart des bandeaux, de supports servant à relayer les campagnes de communication des associations. Certains sites offrent la possibilité à l'internaute de télécharger un bandeau sur leur site perso ou sur leur boîte e-mail. Parmi les 12 sites étudiés, nous avons pu noter que cet outil était utilisé par Solidarités, Handicap International et la Croix Rouge. Quant à ACF, son site propose le téléchargement d'un bandeau pour les entreprises.

Campagne de Solidarités pour l'Afghanistan
Campagne "Titeuf" de Handicap International sur le produit-partage Kit Plio

b) L'envoi d' e-cards

L'e-card est un outil ludique qui permet d'afficher son intérêt pour une cause ou encore sa volonté de la faire connaître. Ces e-cards doivent être à la fois esthétiques afin de donner envie à l'internaute de les envoyer, mais leur contenu doit aussi symboliser les valeurs portées par l'association ainsi que son objet. La mention de l'adresse du site sur ces cartes permettra à l'internaute qui reçoit cette carte d'aller sur le site et peut être de s'inscrire à la newsletter par curiosité.

Pour fêter ses 30 ans d'actions, Greenpeace a retracé 30 ans d'activisme à travers 30 e-cards. Sur chacune de ces cartes, l'internaute trouve une photo illustrant le thème du combat, le thème de la campagne, l'année, l'anniversaire, et l'adresse du site mentionnée avec la charte graphique du logo.

Cette série de 30 cartes illustre l'ensemble les actions de Greenpeace et permet à l'internaute d'envoyer une carte sur le sujet qui le touchera plus particulièrement : nucléaire, climat, mal-bouffe…

Parmi les 12 sites étudiés , 3 seulement proposent d'envoyer des e-cards : Solidarités (opération ponctuelle), Handicap International (cartes Titeuf - cible jeune) et Greenpeace.

c) La possibilité de conseiller le site à des amis

Certains sites proposent à l'internaute d'envoyer un message pour recommander la visite du site à un ami. Pour ce faire, l'internaute doit entrer les adresses e-mail des personnes à qui il recommande la visite du site. La limite de cet outil est que l'internaute ne peut avoir d'accès direct à son carnet d'adresses… or, rares sont les personnes mémorisant les adresses mail de leurs contacts.

d) Les jeux et quizz

Parmi les formes d'exploitation du principe de fonctionnement communautaire sur Internet, nous signalerons aussi une nouvelle forme de promotion du site vers une cible plus jeune : les jeux ou les quizz. L'intérêt du jeu est de proposer une approche ludique du don et de favoriser le trafic sur le site.

Dans le cas de la Croix-rouge, Optimus a développé le jeu Pac'Sou sur la base d'un des premiers jeux électronique créé : PacMan. Le principe est intéressant car il permet de favoriser la fréquentation du site par les plus jeunes.

Ci-contre, le jeu Pac'Sou, inspiré du jeu PacMan sur le site de la Croix-Rouge et développé par Marco Villeneuve d'Optimus. Ce jeu s'adresse à une cible plus jeune que les donateurs traditionnels. A la fin du jeu, l'internaute découvre ce que les actions que la Croix-Rouge pourrait mener avec les euros récoltés. Puis, une petite phrase s'affiche pour demander à l'internaute s'il souhaite faire un don.

Optimus a aussi développé un quizz afin d'accompagner la campagne de recrutement des volontaires de la Croix-Rouge. Le principe pour l'internaute est de répondre à des questions l'amenant à savoir quel type de volontaire il peut être : secoureur, administratif, accompagnateur scolaire… L'objectif affiché est ici de personnaliser au maximum la relation entre l'association et le grand public.

Ci-contre, les premières questions du quizz accompagnées du mot du Président de la Croix-Rouge.

e) Le Marketing viral

La diffusion de cette opération se fait de façon accélérée grâce à l'utilisation d'une technique de promotion particulièrement adaptée à la diffusion d'idées: le marketing viral. Le principe est simple: envoyer le message e-mail à quelques dizaines de personnes qui le font suivre à des amis, eux-même encouragés à transmettre le message, etc.… Grâce à ce type de technique, un message peut faire plusieurs fois le tour du globe en quelques heures et toucher plusieurs millions d'internautes en quelques semaines.

Handicap International utilise le marketing viral pour lancer sa campagne" Envoyez une chaussure à George W. Bush ". L'association a fait réaliser une animation avec la technologie Flash dénonçant le fait que les Etats-Unis n'aient toujours pas renoncé à l'utilisation des mines anti-personnel.

Ci-contre, la campagne interactive " 8ème pyramide contre les mines ".L'Internaute qui reçoit par e-mail cette animation accompagnée d'un texte explicatif, est encouragé à envoyer une chaussure virtuelle dans la boîte e-mail du président américain pour manifester son désaccord avec la politique américaine. Ensuite, l'association lui propose d'envoyer l'animation et le message à d'autres internautes de son entourage. L'opération qui a connu un fort succès est renouvelée cette année en proposant une déclinaison de la campagne Titeuf.

4. La participation des internautes aux actions menées par l'association

a) La cybermobilisation et les pétitions en ligne

Internet a surtout été utilisé pour diffuser des idées dans le monde entier. Ce sont les pétitions comme celle d'Amnesty qui ont été les premières à circuler. L'organisation a depuis longtemps fait rentrer dans ses habitudes l'utilisation du net comme moyen d'augmenter le nombre de signatures sur ses pétitions. Mais les individus eux-mêmes ont saisi l'opportunité, à partir du pays où ils se déclaraient oppressés, de contacter en direct, les webmasters de sites humanitaires ou politiques ainsi que les abonnés aux forums de discussions sur l'humanitaire. Plus récemment, les associations françaises se sont mises à diffuser des pétitions ciblées.

- Amnesty International
En novembre 2001, un demandeur d'asile somalien devait être renvoyé sans délai par les autorités australiennes en Somalie, où il risquait d'être victime de graves atteintes à ses droits fondamentaux. La veille de son expulsion, Amnesty International a lancé une action urgente. Les appels ont afflué, par télécopie et par courrier électronique, alors que des représentants du gouvernement et des membres des forces de sécurité conduisaient le demandeur d'asile, entravé par une ceinture de contention, vers un avion à destination de Mogadiscio et le forçaient à embarquer. Durant une escale à Perth, il a bénéficié d'un sursis de dernière minute et a été autorisé à demeurer temporairement en Australie. Cette décision a fait suite aux interventions conjuguées d'Amnesty International, du Comité des Nations unies contre la torture, de certains députés australiens et d'un syndicat des travailleurs des transports également australien, qui a pris des mesures pour empêcher l'avion qui assurait la correspondance de décoller de Perth.
- Greenpeace
Greenpeace est certainement l'association qui utilise le mieux les techniques de cybermobilisation. En effet, celle-ci a détourné plusieurs logos dont ceux de Total Fina Elf et Esso. Pour cette dernière, les deux S de ESSO ont été remplacés par les signes dollar ( E$$O), afin de montrer que, pour la multinationale, les profits passent avant la préservation de la planète pour les générations futures. Plus récemment, l'association a détourné le logo d'Areva (conglomérat du nucléaire) présenté ci dessous. Ceci a valu à l'association d'être attaquée en justice par Esso et Areva pour détournement de logo.

 

Logo d'Areva modifié par Greenpeace

Suite à ces procès, l'association s'est servie d'Internet pour mettre l'opinion publique de son côté en présentant les procès de ces groupes industriels comme des atteintes à la liberté d'expression. Et lorsque l'on connaît l'importance et la fragilité de l'opinion publique en cas de crise, on comprend les soucis que Greenpeace cause à ces grands groupes.

La campagne "L'AREVA de soi" a pour objectif d'informer l'opinion publique de la stratégie d'Areva et sur sa volonté de s'acheter une image à bon compte en sponsorisant le Défi Français participant à la Coupe de l'America. Cette image est bien loin de la réalité des méfaits du nucléaire, source quotidienne de dangers et de pollutions dénoncée par Greenpeace.

Depuis maintenant plusieurs mois, Greenpeace mène cette campagne de protestation en particulier sur son site web français. "Après Esso qui essaye de censurer Greenpeace, c'est aujourd'hui Areva qui se réveille et s'attaque maintenant à la liberté d'expression et au droit à l'information", déclare Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire à Greenpeace France. Greenpeace appelle tous les citoyens attachés à la liberté d'expression, les internautes pour lesquels Internet doit rester un espace de liberté, les organisations citoyennes et les mouvements sociaux à " adopter " et à relayer la campagne Areva. L'association propose alors à l'internaute d'accéder à ses pages de campagnes " L'arrêt va de soit " et " Stop Esso " qui offrent plus d'information sur ce feuilleton interactif de David et les internautes contre Goliath…

b) Le Décrypthon

Le Décrypthon est une opération initiée par l'AFM et IBM, lancé à l'occasion de la fête de l'Internet. Dès le 11 mars 2001, les 100.000 Internautes inscrits au Décrypthon, vont pouvoir mettre la puissance inutilisée de leurs 180 000 PC au service de la recherche.

- Fonctionnement

Le 11 mars, les Internautes qui avaient enregistré leur promesse de participation lors du Téléthon 2001, ont reçu un courrier électronique leur indiquant que l'opération Décrypthon débutait ainsi que les consignes d'installation à partir du site web, du logiciel de calcul gratuit pour participer à la recherche. Ce programme téléchargé, les internautes ont reçu et renvoyé les données traitées. Le téléchargement du logiciel de 5.6 Mo est simple, il prend une quinzaine de minutes en moyenne selon le type de connexion. Par la suite, l'Internaute est entièrement libre de poursuivre ses activités sur son ordinateur lors de la réalisation des calculs. Une connexion de quelques secondes à Internet est suffisante pour l'envoi des données traitées et la réception de nouvelles données .

Les pages Décrypthon du site www.telethon.fr délivrent depuis le 11 mars les informations relatives à la participation des Internautes et à l'état d'avancement des calculs. " Si l'on n'utilisait qu'un seul ordinateur personnel standard pour réaliser la cartographie des protéomes, le calcul prendrait environ 417 000 jours, soit environ 1170 années. " La forte mobilisation des 100 000 Internautes et de leurs 180 000 PC va permettre de réaliser ce calcul en environ 3 mois, soit 10 millions d'heures de calculs.

- Profil des " Décrypthonautes "

Les internautes inscrits au Décrypthon sont majoritairement des hommes (76%) âgés de 16 à 45 ans (73 %) : Dans le détail, nous retrouvons les proportions suivantes : de 16 à 25 ans = 26% ; de 26 à 35 ans = 26 % et de 36 à 45 ans = 22 % Ils sont majoritairement cadres (27%), étudiants (21%) ou employés (20%), même si de nombreuses autres catégories socio - professionnelles sont représentées.

5. Transparence : évolution de la relation entre les donateurs et l'association

a) Un accès de l'internaute à une information riche, dont il maîtrise le niveau

- Une information détaillée sur les crises et actions menées

Comme nous l'avons vu précédemment, une des dérives de communication des associations humanitaires est le manque d'information sur les contextes dans lesquels celles-ci interviennent. Le devoir d'information du grand public fait parti intégrante de la fonction du journaliste mais le secteur des médias étant soumis à des contraintes d'audimat. Et expliquer une intervention humanitaire dans un contexte de crise réclame du temps (denrée rare donc chère, à la télévision) et de l'espace (denrée tout aussi précieuse dans la presse écrite). L'association peut donc trouver, via Internet, une tribune d'information sans contrainte d'audimat, sans souci de conformité aux attentes des journalistes ou leur lectorat, et sans obsession de la simplification dictée par la contrainte d'un niveau de lecture unique.

Sur leurs sites, Médecins Sans Frontière, Médecins Du Monde, Action Contre la Faim et d'autres associations proposent une information conséquente sur les actions qu'elles mènent. Certaines sont même devenues des sources d'information incontournables pour les journalistes.

Le site de MDM propose de découvrir 247 projets dans 59 pays. Pour arriver à la page présentée ci-dessous, l'internaute doit cliquer sur l'onglet " Sur le terrain ". Sur cette page, il pourra sélectionner le continent ou le pays dont il souhaite connaître les programmes de MDM. Par exemple, si l'internaute s'intéresse aux actions menées par MDM en Ethiopie, il trouvera l'information suivante :

Contenu de cette page :
Situation politique, économique, sanitaire et sociale en Ethiopie
Activités de l'association : population bénéficiaire, programmes mis en œuvre
Evolution d'un programme

Ainsi, quand MDM ferme une mission pour en ouvrir une autre, l'internaute peut en connaître et comprendre les raisons s'il clique sur " en savoir plus ". Le même principe est employé par la plupart des sites étudiés, certains même, allant jusqu'à proposer de télécharger la fiche détaillée d'un programme (ex : Handicap International dans le cas de son programme d'urgence en Angola.)

- Des informations maîtrisée, ciblées et personnalisées

Si la plupart des associations se sont contentées dans un premier temps de mettre en ligne de façon statique leurs documents imprimés, beaucoup sont aujourd'hui passées à des contenus interactifs, ciblés, adaptables en fonction des attentes des internautes. Un des sites les plus remarquables est celui du World Wild Life Fund International, plusieurs fois primé, qui présente des informations interactives en 3 langues, présentant en plus de 15.000 pages l'ensemble des actions passées et présentes de l'association, et ses 2000 projets en cours dans 116 pays.

Le site de la Croix Rouge est lui aussi très complet puis qu'il permet, via un moteur de recherche intégré au site, d'avoir accès à des supports de campagne, au site des délégations locales, en passant par des informations concernant les actions de la Croix Rouge en France et dans le Monde. Parmi les sites étudiés, 3 proposent un moteur de recherche intégré à leur site (Amnesty International, Greenpeace et la Croix-Rouge) et la plupart des autres proposent d'avoir accès à des informations plus ciblées via des menus déroulant ou interactifs.

b) La transparence financière

Outre informer et impliquer les sympathisants des association, le Web permet aussi à celles-ci de rendre compte des actions entreprises, et des moyens déployés, y compris les informations financières et le détail de l'utilisation des fonds. MSF, Greenpeace, Action Contre la Faim, Médecins du monde, la Croix Rouge ou Care mettent ainsi en ligne leur rapport annuel.

Sur le site de MSF, l'internaute a accès au détail de la répartition des fonds illustré par un exemple de répartition des dépenses à partir d'un don de 100F. De plus, MSF propose en ligne le compte d'emploi des ressources combiné détaillant le montant des dépenses et recettes par poste d'une année sur l'autre. Ce type d'information répond à une attente de la part des nouveaux donateurs qui veulent trouver, quant ils le décident et sans être submergés de documentation, des informations précises sur l'utilisation de leur argent.

c) Une présentation scénarisée des actions menées

Aujourd'hui, les donateurs veulent " voir " ce que l'on fait avec leur argent. Aussi, certaines association proposent des expositions virtuelles et des vidéos présentant des actions menées sur le terrain. - Médecins Sans Frontières Pour chaque projet de MSF, les donateurs ont accès à des photos, voire des vidéos prises sur le terrain, leur donnant une idée plus concrète de l'emploi qui est fait de leur don.

Pour l'opération d'urgence en Angola, Sebastiao Salgado a suivi MSF dans la mise en place de cette opération. MSF propose sur son site quelques photos de soins dispensés et de victimes en Angola, dont celle d'une jeune mère avec son enfant reprise dans la campagne de communication de l'association.

- Médecins Du Monde

Des grands photographes témoignent avec Médecins du Monde de la situation des femmes en afghanistan. L'exposition, créée le 8 Mars 1998, est présente sur le web.

Par un texte d'introduction défilant en blanc sur noir, Médecins du monde expose, de façon journalistique, le contexte politique et social en Afghanistan puis la situation des femmes. (cliquez ici pour accéder à l'expo)

- Solidarités

L'association propose sur son site un montage photographique animé présentant leurs actions en Afghanistan sous le titre " 24 heures en Afghanistan ". Ce film permet de comprendre de façon simple et concrète la façon dont l'association agît sur le terrain. Ainsi, le scénario est bâti autour de l'arrivée en Afghanistan, du contexte d'intervention, des équipes et des actions réalisées. A la fin de l'exposition animée, l'internaute peut revenir à l'accueil, s'informer, recommencer, fermer ou aider en faisant un don. (cliquez ici pour accéder à l'expo)

6. Démocratie interne et gestion de l'information

a) Un accès plus facile à l'information

Avec la possibilité pour la périphérie d'accéder facilement à l'information (mailing-lists, forums, intranets…), l'implication des bénévoles et la réceptivité des instances dirigeantes à leurs suggestions peuvent être grandement facilitées.

La prise de décision pourra se faire par étape, d'abord discutée au sein d'une liste de diffusion - évitant ainsi, pour les association internationales, de coûteux déplacements -, puis, si le consensus ne peut être atteint, au cours d'une réunion " physique ", dont les participants seront alors mieux informés et préparés, disposant par le réseau des premiers éléments de synthèse acquis. C'est ensuite la possibilité d'informer ses membres, sympathisants et prospects de façon rapide et bien moins coûteuse que par mailing, téléphone ou fax.

L'information mise en ligne pouvant de plus être stockée sur l'ordinateur des bénévoles et réutilisée, démultipliée : les tracts, " kits-presse " et autre matériel pédagogique ou informatif devenant ainsi des outils autonomes que les bénévoles s'approprient. Un intérêt non négligeable pour des organisations souvent critiquées dans le passé pour leurs budgets de communication dispendieux…

L'Internet pourra enfin être utilisé comme outil de formation des bénévoles, avec une Foire Aux Questions pour les débutants, des forums par thèmes pour les plus impliqués, et des sessions de cours en ligne permettant de faire face pour un coût raisonnable à l'important turn-over observable dans l'univers associatif. Les volontaires pourront dès lors choisir leur degré d'implication : recevoir des informations par e-mail, participer à des réflexions par thème sur un forum, donner, ou encore participer bénévolement, par exemple en traduisant des textes via le réseau.

b) La diffusion d'outils pour les bénévoles

Internet peut permettre de diffuser certains outils de travail ou de communication pour les bénévoles. Dans la plupart des cas, ces informations sont accessibles à tous, comme dans les exemples suivants. Il est à noter qu'il est possible de diffuser ces outils de façon plus restreintes en utilisant un accès codé ou la diffusion de ces informations via un Intranet. Sur certains sites, il est possible de télécharger des affiches, tracts, documents de promotion ou d'information, bandeaux publicitaires, logo, communiqués de presse, etc.

Le Secours Populaire Français propose de télécharger en ligne différents logos, bandeaux et communiqués de presse.
Pour l'opération Chèque réveillon associant le groupe Chèques Déjeuner et les Restos du Cœur, ce site permet de commander en ligne des affiches, tracts, urnes de collecte… pour que les personnes souhaitant mener cette opération dans leur entreprise puissent la présenter à leur Direction et la mettre en place rapidement.

c) La gestion des communiqués de presse

Aujourd'hui, la plupart des grandes associations ont un espace Presse permettant aux journalistes d'accéder librement aux informations disponibles et ainsi affiner leur recherche ou récupérer certaines photos. De plus, du côté de l'association, le travail lié au ciblage des attentes du journaliste et l'envoi du dossier de presse est réduit et peut être plus efficace et moins coûteux.

Ci-contre : la liste des communiqués de presse accessibles à partir du site de Médecins sans Frontière. Ces communiqués, accessibles à partir de l'onglet " S'informer ", intéressent les journalistes autant que les donateurs. Pour ces derniers, il s'agit aussi d'un moyen de vérification de la véracité des informations communiquées : " s'ils fournissent cette information à la presse, c'est que c'est vrai. " …

 

-

Si le don en ligne est loin d'avoir atteint les résultats escomptés, Internet a permis de développer des outils de promotion, d'information et d'engagement innovants voire exclusifs à ce support :

- En terme de réactivité,

Internet permet un lien direct entre savoir et agir, ce qui est spécifique à ce support. En effet, même si dans le cas de crises graves, des standards téléphoniques se mettent rapidement en place, parallèlement au flot d'informations déversés par les médias, afin de recueillir les dons, il est beaucoup plus rapide pour une association de diffuser ses informations auprès de ses donateurs en les avertissant de la possibilité de faire un don en ligne. (Ex. La collecte de fonds sur le site Internet de la Croix-Rouge Internationale dès le 11 septembre 2001.)

- En terme de sensibilisation de donateurs potentiels,

Internet permet une collecte rapide d'adresse e-mails de personnes déjà sensibilisées aux actions de l'association grâce à l'inscription à une newsletter. Comparativement à des contacts pouvant être pris sur des salons ou autres occasions de rencontre du grand public, il est plus justifiable, sur Internet, de demander des coordonnées de façon à adresser des informations. Dans ce cadre, la démarche de collecte de fonds est moins visible et laisse place à l'information. Information maintenant nécessaire à la fidélisation des nouveaux donateurs.

- En terme de promotion,

il est curieux de remarquer que les associations peuvent proposer aux internautes d'assurer une partie de la promotion. En effet, grâce à des outils tels que les bandeaux de promotion, les e-cards, le marketing viral, etc, cela est maintenant possible, puisque tout le monde peut avoir de l'espace sur le net (à condition d'avoir quelques notions en terme de création de site). - En terme de participation, il n'a rien de nouveau sur le net, mais les délais sont raccourcis et les pétitions peuvent sembler moins engageantes compte tenu des aspects virtuels d'une boîte aux lettres électronique. - En terme d'information, Internet refonde la relation entre le donateur et les associations car il rétablit un équilibre et un partage de l'information, ainsi qu'une notion d'échange et de rôle actif que peut jouer le donateur. De la même façon, ce meilleur partage de l'information peut rétablir la démocratie interne au sein des associations qui, en grandissant, on quelquefois mis de la distance entre les instances dirigeantes et la base militante.

 

 

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